Budget primitif 2020 : c’est Noël !
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Monsieur le maire, chers collègues,

Merci à M. Decoux et aux services municipaux pour la présentation de ce budget prévisionnel 2020.

J’interviens sur les trois délibérations : celles qui portent sur l’approbation de vos budgets prévisionnels principal et annexe et celle sur la fixation des taux d’imposition.

Je mets fin au suspense tout de suite : depuis 2014, nous avons voté contre la politique que vous avez mené pour notre ville. Le budget que vous présentez est à la fois le résultat et la continuation de  cette politique.

Le budget total atteint cette année un peu plus de 94 millions d’euros, pour mémoire l’an passé il s’agissait de 97 millions. Rappelons que ces sommes sont très exceptionnelles pour une ville comme la nôtre et qu’elles sont en grande partie due à la vente des parts de la SEMI en 2018.

Le travail du service des finances nous permet d’anticiper sur les résultats de 2019 et de bénéficier d’un énorme résultat excédentaire en section de fonctionnement.

Plus de 11 millions.

Comment expliquer ce résultat aux habitants ?

Vous vous félicitez de ce « bénéfice » qui serait, selon vous, le résultat d’une bonne gestion de nos finances communales.

Nous avons une autre lecture : sur ce budget primitif, nous reportons à la fois un résultat de 8 millions issus du budget 2018 auquel s’ajoute un excédent de 3 millions en 2019. Pour le dire de façon plus pédagogique : en 2018 et 2019, nous avons eu des recettes plus importantes que prévues et nous avons dépensé moins que prévu. Pour nous, ce résultat est avant tout dû à votre recherche d’économies sur tout et n’importe quoi. Économies pour la ville, mais pas pour les usagers de nos services publics qui depuis le début de ce mandat n’ont cessé de voir augmenter leur participation financière. Depuis 2014, la ville s’est désengagée petit à petit : un des exemples les plus frappants est celui des cantines scolaires. En 2014, la participation des familles s’élevait à 75%, en 2018 elle s’est établie à 87%. 12 points d’augmentation en 4 années. La piscine : en 2014, les usagers participaient à hauteur de 36%, fin 2018, nous en étions à 44 %. Nous pourrions multiplier les domaines où la ville s’est désengagée : les classes de découvertes, de plus en plus chères et de moins en moins longues, les séjours séniors etc.

Vous avez choisi de supprimer des postes d’ATSEM dans les écoles maternelles, diminué le montant alloué à l’équipement des écoles, diminué les subventions aux associations. Vous avez choisi d’externaliser certains travaux habituellement confiés aux services municipaux pour ne pas avoir à recruter de fonctionnaires.

Voilà ce que vous comptez poursuivre concernant le fonctionnement des services municipaux.

Le budget investissement : vous dites avoir massivement investi pour les Sévriennes et les Sévriens.

Or, les taux de réalisation en investissement sont de plus en plus mauvais. Les annonces c’est bien, mais les actes sont plus importants.

Depuis 2 ans, nous sommes dépositaires de 34 millions d’euros en provenance de la vente de la SEMI Sèvres. Vous avez décidé de garder sous le coude 20 millions d’euros pour l’opération centre-ville, opération dont on apprend au fil des Sévriens, et jamais au conseil municipal, que telle ou telle option est abandonnée. Les 14 millions restants de cette vente sont affectés à un plan pluriannuel d’investissement. Le document de présentation du budget nous décline année après année les mêmes textes publicitaires. Lorsque nous vous interrogeons en commission ou en conseil municipal sur l’avancée de tel ou tel projet, comme par exemple l’ancien terrain des pompiers, vous nous répondez de façon évasive. Jamais de bilan n’est réalisé, jamais aucun chiffre de réalisation annuelle sur ces opérations n’est affiché dans le document de présentation. Et il faut aller dans le pavé de l’annexe pour tenter d’y retrouver ses petits.

Un exemple : un peu plus d’1 million étaient prévus pour les travaux de mise en accessibilité en 2019, nous reportons 600.000 euros dans le projet de budget 2020.

Que ce soit pour le centre-ville ou pour le plan pluriannuel d’investissement : nous sommes dans le flou le plus complet, sans boussole. Vous avancez à coup de communication.

Nous sommes en année électorale, et avec ce projet de budget tout devient soudainement merveilleux. Toutes les choses que l’on n’a pas pu faire durant ces six dernières années, c’est promis d’ici la fin de l’année 2020 on va les faire. Pour qui suit un peu la vie municipale, nous savons que ce joli conte de fées ne se réalisera pas. Nos concitoyens ne sont pas des enfants, il faut arrêter de tenter de leur faire croire que par exemple la ville va investir 11 millions en travaux d’ici au 31 décembre, alors que chaque année nous investissons à grand peine 4 millions.

Nos concitoyens sont inquiets. Inquiets pour leur vie actuelle, inquiets pour l’avenir. Ils sont en attente de réponses à la hauteur des enjeux que nous posent les crises que nous traversons. Ils aspirent à vivre dignement, à prendre soin de notre planète et des générations futures. Ce budget n’est pas à la hauteur des défis qui nous attendent collectivement dans les prochains mois et les prochaines années. Notre ville et ses habitants méritent mieux que de vagues promesses qui ne répondent pas aux urgences et ne préparent pas l’avenir.