
Il faut souligner tout l’intérêt du travail de recherche et des articles du service des archives dans « Le sévrien ». On est passé à une vitesse supérieure avec la publication d’un fascicule n°1 des archives de notre Ville consacré aux bombardements de Sèvres par les Alliés, les 3 mars 1942, 29 et 30 mai 1942, 4 avril 1943 et 15 septembre 1943, visant explicitement les usines Renault et provoquant la mort d’une cinquantaine de sévriennes et sévriens.
C’est un document intéressant qui reprend de nombreux témoignages poignants, marqués par l’angoisse et le désespoir des populations visées par ces bombardements. Les victimes furent plusieurs centaines à Boulogne-Billancourt et plusieurs dizaines de milliers en Normandie notamment. Les bombardements de Caen ont détruit 70% de la Ville en miettes et tué 2000 personnes.
On aurait pu apprécier une mise en perspective plus globale et contextualisée.
Les bombardements « alliés » ont contribué à la libération de la France et à la défaite de l’Allemagne nazie. Les fac-similés du seul journal collaborationniste ne sont pas commentés et leur contenu (soumis à la censure allemande) n’est pas explicité. Paris-Midi était un journal ouvertement pro-nazi. Il fustige « l’odieux attentat ». En illustration, la une complète du jour et les articles « le cynisme des anglais » et « les communistes que juge le tribunal militaire allemand avaient commis 17 attentats ». Il y a un appel au meurtre de ces résistants tout à fait explicite : « (…) crime (…) passible du suprême châtiment ». Nul doute que les tribunaux de l’époque n’avaient pas besoin de ce genre d’encouragements.


La répétition de ces bombardements n’est pas une volonté de répandre la terreur dans les populations mais bien de stopper les usines Renault que leur patron Louis Renault voulait absolument voir fonctionner au mieux, même si toutes les productions étaient destinées à l’effort de guerre allemand.
Après chaque bombardement, Louis Renault s’attachait à faire reconstruire rapidement les bâtiments endommagés.
Le principal responsable de ces bombardements n’est pas « l’aviation alliée » mais bien le principe de la collaboration économique poussé à son extrême.
La nationalisation de Renault fut une conséquence de cet engagement.