Tribune dans le Sévrien – mai 2024
Nous vous l’indiquions lors d’une précédente tribune, la majorité municipale n’a pas souhaité mettre en œuvre une expérimentation du congé menstruel pour les agentes de la ville. Ceci n’est qu’un exemple du peu d’attention faite aux femmes. Alors que les femmes constituent la majorité de la population de la commune, celle-ci est toujours mal aménagée pour elles, car traditionnellement pensée pour des déplacements dominés par les hommes. Les chiffres sont là : qui se déplace le plus à pied ou en transport collectif ? Les femmes ! Qui souffre le plus des bus bondés, des trains supprimés, des trottoirs où règne la priorité aux entrées de voiture dans les garages au détriment des poussettes ?
Si (trop progressivement) nos cours d’école deviennent plus égalitaires en termes de partage d’espace entre filles et garçons, le reste de la ville demeure lui bien peu ami des femmes. Il vaut mieux être jeune, valide, homme pour pouvoir pratiquer l’espace public sereinement. Nous nous sommes habitués à ce que le nom de nos rues soit ultra majoritairement celui d’un homme. A Sèvres, une toute petite dizaine mentionne un nom de femme, généralement associé à celui de son époux, mis en premier sur la plaque. Si Olympe de Gouges figure sur la fresque du collège, c’est avec la mention « guillotinée », sans que l’on sache pourquoi.
Sur notre ancienne proposition, le « bus des femmes » dédié à leur santé fait désormais escale à Sèvres. Son succès a été immense et beaucoup de femmes n’ont pu bénéficier de ses services. La majorité promet que le bus viendra une fois par an ! Une fois par an, est-ce bien suffisant pour agir sur les difficultés d’accès aux soins ?
Les faits de délinquance liés aux violences intra familiales ont augmenté à Sèvres de 35% en un an, les violences sexuelles de 24%. Où sont les grands programmes de sensibilisation, de prévention, d’aide aux victimes que l’on pourrait attendre de notre ville ?
Lyon, Nantes, Rennes ou Strasbourg ont mis en œuvre des budgets genrés qui évitent que les dépenses publiques renforcent les inégalités de genre. On y ausculte par exemple les dépenses de sport pour vérifier qu’elles ne privilégient pas plus les garçons que les filles, on y met en place des gardes d’enfants lors des réunions de quartier. A Sèvres, nous devrions tendre vers la mise en place de tels indicateurs et actions.
Les débats au conseil municipal ont lieu sous l’œil plus ou moins bienveillant des anciens maires de la ville. Aucune femme n’a semblé jusqu’à présent être digne de diriger notre commune.
Le combat pour l’égalité entre femmes et hommes progresse lentement. Nationalement nous nous réjouissons de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, localement, le chemin est encore bien long.