Tribune dans le Sévrien du mois d’octobre 2024
Le premier coup de pioche du projet de centre-ville décidé par la majorité municipale vient d’être donné et il consiste à démolir la station service BP. Le second coup de pioche pourrait bien être destiné à faire disparaître la passerelle au-dessus de l’avenue de l’Europe. Rappelons que cette destruction vise uniquement à laisser assez de place à la construction d’un nouveau bâtiment qui abritera – 30 heures par semaine – le marché, situé à 200 mètres de là. Une bonne cinquantaine de millions d’euros seront dépensés dans l’opération pompeusement appelée « Cœur de Ville ». Opération par ailleurs déléguée à l’intercommunalité GPSO : les habitant-es de Sèvres et leurs représentant-es au conseil municipal n’auront plus leur mot à dire.
Depuis plus de quarante ans, les municipalités successives ont laissé le marché et ses abords se dégrader. Aujourd’hui, face à ce constat la seule solution serait la pelleteuse, des travaux couteux financièrement et énergétiquement ? Et surtout, le chantier du siècle concernera un tout petit ilôt. Pour la majorité municipale le centre-ville n’a pas d’école, pas de poste et même pas une mairie. Si certains ambitionnent de vivre dans un village, il faudrait alors oublier les médecins, les services publics, les transports en commun. Une ville doit certes être agréable à parcourir – dans son ensemble et pas sur quelques mètres carrés – mais c’est surtout un lieu d’activités diverse, éléments que le projet Cœur de Ville a totalement oubliés.
L’avenue de l’Europe est une saignée absurde, la principale priorité est de réparer le fossé entre les deux rives et améliorer les traversées. De notre point de vue, il faut conserver la passerelle en la rénovant et lui donner une destination piétonne, cycliste et conviviale Elle rend des services éminents à la population. La rive droite hausse le pont-levis face à la rive gauche : c’est une erreur symbolique, urbanistique et politique lourde que de vouloir la détruire.
L’actuelle halle du marché et les espaces publics qui l’entourent pourraient être simplement rénovés. Il faudrait réinvestir les commerces délaissés à l’angle de la rue de Ville d’Avray. L’actuelle majorité laisse vide l’ancien Carrefour bio qui pourrait servir d’espace associatif très accessible, tout comme la banque fermée qui a pris la place d’un ancien café. L’espace de la station-BP pourrait être dédié à une activité liée à la transition énergétique, au recyclage…
La cinquantaine de millions d’euros devrait utilement servir à rénover nos équipements publics, comme la piscine énergivore. Et surtout faire en sorte que tous les quartiers bénéficient d’investissements et d’améliorations.
Catherine Candelier, Jean Duplex, Anne-Marie de Longevialle Moulaï, Luai Jaff, Frédéric Puzin